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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/110

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— Que m’importe !… Je ne veux plus le revoir.

Lina se contenta de sourire.

Elles marchèrent sans parler, s’arrêtant machinalement à une vitrine et repartant.

— Non, je ne veux pas le revoir, Lina. C’est impossible, je me suis peut-être illusionnée, et rien n’est plus cruel qu’une illusion qui s’évanouit.

— Mais n’est-il pas plus cruel encore de s’apercevoir un jour que l’on est passé à côté du bonheur, et que le bonheur est resté derrière vous tandis que la vie vous entraîne inexorablement dans son tourbillon.

— Peut-être, mais, entre lui et moi, il y a cette femme inconnue que, sans doute, il souhaite encore épouser. Et, de toute façon, il m’a menti.

— Il t’a menti ?

— Mentir par restriction mentale, n’est-ce pas mentir ? Supposons que son mariage soit rompu, — et rien n’est moins sûr, — pourquoi alors ne me l’aurait-il pas dit ?

— Je te comprends, ma petite Colette. Tu peux lui faire ce reproche, toi qui as écouté sa conversation avec Lesquent sans te montrer, toi qui as essayé de le faire parler sur le château sans lui dire qu’il t’appartenait.

Colette se sentit piquée au vif.

— Tu as raison, Lina, je ne suis pas digne d’être aimée et cet incident doit être ma punition. Mais je te le dis encore, je ne crois pas à ses paroles. Il n’avait qu’un désir : s’étourdir