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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/111

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et peut-être même se jouer de moi et vivre l’aventure d’une soirée ou d’une semaine.

Tandis que la jeune fille se remémorait cette conversation de la veille, elle était arrivée à son bureau, et, désormais pour elle, à ce bureau s’associait le souvenir de Chavanay. Il lui semblait qu’elle ne pourrait plus entrer chez Fourcaud sans revoir Chavanay se lever du fauteuil de cuir où il était assis. Elle ne pourrait, non plus, sortir sans penser à l’auto arrêtée au bord du trottoir, la portière ouverte comme une invitation à l’abandon.

Fourcaud l’appela peu après.

Colette ne l’avait pas revu depuis la visite de Chavanay, et elle devait lui en faire part.

Dès qu’elle entra dans le bureau directorial, il lui tendit la main comme il en avait l’habitude ; mais, au lieu de lui dire bonjour, il sembla à la jeune fille qu’il la dévisageait avec une insistance amusée. Un peu comme s’il l’eût découverte en cet instant et qu’il se fût dit :

« C’est curieux, je ne m’étais jamais aperçu qu’elle était ainsi. »

Colette, pour dissimuler son trouble, fit aussitôt son rapport. Elle présenta le courrier, en résuma l’essentiel. Puis elle énuméra les visiteurs venus voir M. Fourcaud durant son absence et ceux qui avaient téléphoné ; au moment de partir, elle ajouta :

— J’oubliais. M. Chavanay est venu vous voir…

Elle allait sortir, Fourcaud la rappela. Il avait un drôle de sourire.