Aller au contenu

Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en plus. Jamais elle ne lui posait de questions ; cependant, elle était souvent intriguée par certaines allusions et particulièrement par son projet d’installation de bureaux aux Champs-Élysées. Quel rapport pouvait-il y avoir entre Grandlieu et ses pommiers et des bureaux aux Champs-Elysées assez vastes pour occuper tout un étage ? Peut-être n’était-ce là qu’un bluff de la part de son cousin, ou une sorte d’enivrement à s’écouter parler et à bâtir des châteaux en Espagne !

Lesquent ne la voyait pas une seule fois sans lui rappeler, d’une façon ou d’une autre, ses propositions de mariage. Furtivement, par allusion, il lui disait par exemple :

— La vue est jolie de chez vous, mais, tout compte fait, à votre place, je la troquerais bien pour celle qui se découpe entre les arbres de Grandlieu.

Maintenant, il adoptait une autre attitude. Il parlait au futur et, avec autorité, glissait dans la conversation :

— Quand vous serez châtelaine de Grandlieu…

— Vous ne préféreriez pas que nous fassions l’Espagne au lieu du classique Venise, quand nous partirons en voyage de noces ?

Colette le laissait dire sans relever un seul mot. Elle se sentait prise entre la reconnaissance qu’elle lui devait et une sorte de lassitude pour sa fatuité grossière.

Une fois, cependant, elle réagit avec vigueur. Ce fut la seule fois où il tenta de la tutoyer.