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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/175

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— J’ai l’intention de repartir jeudi pour Grandlieu, je ne t’emmène pas ?

Instantanément, Colette avait senti le sang affluer aux joues.

— Ne forcez pas votre talent, François, il y a une limite que je ne saurais tolérer que vous dépassiez.

Le jeune homme avait dû se rendre compte qu’il atteignait le point de rupture et s’était gardé de pousser plus loin. Hormis cette tentative, il ne s’était jamais permis aucune incongruité.

Pas d’intimité entre eux. En arrivant, il tendait la main à la jeune fille. C’était tout. Ils semblaient veiller l’un et l’autre à éviter même le moindre frôlement.

Enfin, un soir en la quittant, il dit :

— Vous ne me verrez pas avant une dizaine de jours. Je rentre dans « nos » terres.

Colette s’étonna du vide qu’elle ressentit les premiers jours d’absence de Lesquent.

Certes, elle n’éprouvait aucune tristesse, mais elle ne se sentait pas soulagée pour autant.

En quinze jours, elle n’avait vu Lina que deux fois. Comme Chavanay s’estompait dans le passé, elle était seule maintenant, ses soirées lui semblaient vides. Elle ne craignait plus l’arrivée inopinée de son encombrant cousin et n’avait plus cette tension pour rester sur ses gardes durant sa présence chez elle.

Lina manquait à Colette, mais une autre absence lui pesait plus encore : celle de Chavanay. La promenade à Deauville, le temps où il