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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/192

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— Je n’en serais pas étonnée. Elle n’était plus comme avant. On voyait qu’elle se rendait compte, mais qu’elle ne pouvait rien faire pour empêcher ce mariage.

— C’est effrayant, dit Lina.

Cette pensée poursuivit la jeune fille toute la soirée et toute la nuit. Elle y pensait encore quand, le lendemain, pour son travail, elle eut à chercher des adresses dans le Bottin. Par curiosité, elle en profita pour regarder où habitait Chavanay : 24, rue de la Baume.

Une folle idée germa dans l’esprit de Lina.

« Si j’allais voir Chavanay ? »

Toute la journée, elle fut assaillie par ces deux pensées :

« Colette est en danger » et « Si j’allais voir Chavanay ».

Ce ne fut qu’en arrivant, le soir, vers sept heures, devant la porte de l’industriel, que Lina se demanda ce qu’elle allait bien pouvoir lui dire.

Malgré cela, elle sonna.

Un valet de chambre aux cheveux blancs vint lui ouvrir.

— M. Chavanay ?

— Monsieur est absent. Dois-je lui faire part de votre visite ?

Lina avait déjà à demi perdu contenance en montant l’escalier de pierre blanche au tapis rouge et vert. Elle était, maintenant, écrasée par la morgue condescendante du valet de chambre.