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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/191

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— L’argent ne fait pas le bonheur, poursuivait la concierge. On le dit, et c’est bien vrai. Mlle Colette s’en rendait compte. Il fallait la voir les derniers temps, triste à pleurer. Elle me faisait pitié. Je le lui ai dit.

« — Une petite demoiselle comme vous qui se marie, ça doit être gai.

« Elle a eu un pauvre sourire et, comme l’autre arrivait, m’a saluée et est montée chez elle.

La concierge prit un ton de confidence.

— Vous savez, je la connais bien, Mlle Colette. C’est une jeune fille comme il faut. Elle ne se serait pas énamourée du premier venu et ce n’est pas elle qui aurait fait un mariage d’argent. Non, y a autre chose. Je l’ai dit à la dame du troisième et elle est de mon avis. Il y a quelque chose…

Elle hocha la tête d’un air entendu et elle ajouta :

— Autrefois, il y avait des tisanes faites avec des herbes, des philtres, qu’ils appelaient ça.

Elle disait fifre au lieu de philtre.

— Eh bien poursuivit-elle, vous pensez qu’aujourd’hui, avec tout ce qu’ils trouvent, il doit y en avoir des drogues…

Pour romanesques qu’elles fussent, ces suppositions étaient bien proches de celles que Lina, sa mère et ses amies avaient faites. Cependant, elle demanda :

— Les dernières fois que Colette vint ici, aviez-vous l’impression qu’elle fût sous l’effet d’un charme ?