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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/211

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libérer et, reculant d’un bond, poussa un guéridon entre elle et lui.

— Ne me touchez plus !

Elle tremblait de tous ses membres, non de crainte, mais de colère.

Lui, très calme, la regardait.

— Nous nous marierons quand même demain.

— Non !

Il eut un haut-le-corps.

— Comment, non ? Je vous l’ai dit, sans vous et sans ce château, la vie m’est intenable.

— Eh bien ! tuez-moi.

— Toujours les grands mots. J’aurais plus de plaisir à te savoir en prison, devrais-je y aller moi-même, que de te voir morte. Cinq ou dix ans de cellule te permettraient de réfléchir.

— Vous êtes un monstre, François… Vous savez bien que je ne suis pas coupable. J’ignorais que l’on dût déclarer ce trésor. C’est vous qui m’avez dit que nous n’avions pas besoin de notaire pour faire le partage. Ah ! je comprends maintenant.

Ses yeux s’embuaient de larmes et les sanglots étouffaient sa voix.

— Vous direz oui, demain, Colette.

Sa voix s’était faite moins mordante, plus onctueuse.

— Ce n’est pas possible, François, vous savez bien que je ne vous aime pas. Cette scène pénible m’a ouvert les yeux. Une vie, François… Une existence à deux, commencée sans