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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/225

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— Vous ne me ferez pas croire que vous ne saviez pas qu’il s’appelle Sonnart ?

— C’est un nom de guerre ?

L’homme riait en hochant la tête d’un air entendu :

— Un nom de guerre !… Non. Son vrai nom.

Après quelques réticences, et pressé par Colette, il confia :

— Nous étions trois blancs sur les bords de l’Ogoué. Nous coupions des bois pour le compte d’une société forestière. Nous ne vivions pas ensemble, mais à cinquante kilomètres les uns des autres, chacun ayant avec soi une trentaine de nègres. Les autres blancs les plus proches étaient à deux cents kilomètres. Vous vous imaginez un peu notre vie ? En quelque sorte perdus dans la forêt vierge avec, pour seul contact avec la civilisation, une vedette qui montait tous les deux mois de Lambaréné.

« Notre unique distraction était de nous réunir chaque semaine, à tour de rôle, chez l’un d’entre nous. Nous prenions une pirogue et, en une dizaine d’heures, nous nous retrouvions, heureux de voir un visage de blanc.

« Nous étions trois. Sonnart, un Parisien qui ne s’embarrassait de rien et se plaisait à évoquer son étrange jeunesse dans la zone, Lesquent, le seul de nous trois qui eût fait des études, et moi. Aucun de nous n’avait de secret pour les autres et l’un de nos amusements était de suivre la correspondance de Lesquent avec un vieil oncle, très riche, qu’il n’avait jamais