Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vu. Nous l’appelions l’oncle d’Amérique, bien qu’il habitât sur les bords de la Seine. Il envoyait de somptueux colis à son neveu et aussi des mandats dont Lesquent n’avait que faire ; nous gagnions royalement notre vie et nous n’avions aucun moyen de dépenser notre argent. Le premier comptoir était à cinq cents kilomètres de notre case. Hormis cet oncle, Lesquent n’avait aucune famille.

« Au jeu de l’oncle inconnu, nous étions aussi forts que notre ami et, en plaisantant, nous nous étions promis que le premier de nous qui rentrerait en France irait voir l’oncle en se faisant passer pour son neveu.

« Trois mois avant son départ pour la France, Lesquent fut tué par la chute d’un arbre. Sonnart se chargea de tout. Il renvoya les papiers et écrivit à l’oncle pour lui apprendre la nouvelle. Peu de temps après, Sonnart résilia son contrat et rentra en France. Après son départ, il arriva une lettre de l’oncle adressée à Lesquent… J’ai pensé que, peut-être, le bonhomme n’avait pas reçu celle de Sonnart et j’ai ouvert la lettre. J’ai compris alors que Sonnart était parti afin de se faire passer pour Lesquent aux yeux de l’oncle. Celui-ci lui écrivait :

Je t’attends, mon petit, je me fais vieux et je veux Le connaître avant de mourir…

— Je ne suis rentré en France, reprit l’homme, que l’année dernière, malade… Tout