Aller au contenu

Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

En l’apercevant, Lina eut un geste d’hésitation. Elle ignorait, évidemment, que Colette était venue l’attendre. Mais quand elle la vit se diriger vers elle, ce fut une explosion de joie.

Après s’être embrassées, les deux amies partirent, bras dessus, bras dessous.

— Combien je suis heureuse, ma petite Lina !

— Colette, je savais bien qu’un jour…

Une fois sorties de la gare, la voyageuse s’étonna :

— Mais tu n’étais pas là par hasard… Tu étais venue chercher quelqu’un ?

— Oui, toi ! C’est toi que j’étais venue attendre.

Lina n’en croyait pas ses oreilles.

Un peu plus tard, tandis qu’elles suivaient la Seine, Colette lui conta son mariage si heureusement manqué. Avec beaucoup de tact, Lina évita de faire des reproches à son amie. Elle se garda même de lui parler de sa démarche manquée auprès de Chavanay. Cependant, elle hasarda son nom.

— Tout est fini, répondit Colette, et je ne suis pas éloignée de penser qu’il ne vaut guère mieux que Sonnart. Bien sûr, il est élégant, distingué, poli, parce qu’il est riche. Mais c’est le même être, égoïste et orgueilleux, sans aucun sentiment autre que celui du moi. N’a-t-il pas refusé d’aider Sonnart à me sauver d’une mort affreuse ? Sonnart est un aventurier, un bandit, mais je ne peux lui ôter ce geste : il a tout fait pour me sortir de la cachette où j’étais emmurée.