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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/244

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— Bien, bien.

Il jeta nerveusement la cigarette qu’il tenait à la main.

— Ma voiture est en bas, fit-il.

Ils descendirent sans dire mot. Avec une politesse parfaite qui était l’une de ses séductions, il l’aida à s’installer dans la « 15 CV » noire dont il se servait pour les affaires.

Tant qu’ils furent dans Paris, ils n’échangèrent aucune parole. Colette se trouvait dans un état fébrile d’agitation et cependant il fut bientôt flagrant à ses yeux que son compagnon n’était pas absolument maître de lui. Ses gestes étaient brusques. Deux fois, il freina si brutalement que la tête de la jeune fille faillit heurter le pare-brise.

Elle ne dit rien jusqu’à la sortie de Paris. Mais quand ils furent sur la route et qu’elle vit le compteur dépasser le cent, puis le cent dix, d’un geste instinctif sa main se crispa sur la portière.

— Vous avez peur ?

Sa voix était incisive, et Colette répondit le plus calmement possible :

— Je n’aurais pas peur si je vous savais maître de vous.

— Qu’importe ! Ne croyez-vous pas qu’un solide platane comme celui-là…

— Ne dites pas cela !

— Il est vrai que vous tenez à la vie, vous !

Ils abordaient un virage et les pneus de l’auto crissèrent sur l’asphalte. Chavanay avait les