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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/246

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qu’ils doubleraient dans quelques secondes et là-bas, en face, une traction noire descendait, accourant vers eux. Brutalement, une image atroce passa devant les yeux de Colette. Immanquablement, Chavanay doublerait le camion quand la traction les croiserait. Ce serait l’accrochage à cent vingt à l’heure et l’écrasement sur le mastodonte.

— Ralentissez, je vous en supplie !

En même temps, elle s’accrochait au bras de Chavanay et elle sentit l’auto déraper. Avec maîtrise, le conducteur réussit à redresser sa voiture, mais la masse du camion se rapprochait avec une vitesse effrayante. Colette ferma les yeux. Elle entendit les pneus crisser sur l’asphalte et se rendit compte que l’auto ralentissait.

Quand Chavanay la regarda, elle pleurait.

L’auto était arrêtée sur l’herbe. Là-bas, l’énorme camion poursuivait sa route, nimbé d’une fumée bleuâtre.

— En vous accrochant à moi, nous pouvions nous jeter dans le fossé, alors que nous avions notre chance de passer.

— Autrement dit, je comblais vos espoirs en nous envoyant ad patres.

— Peut-être. Je me demande parfois si vous vous rendez compte de vos actes… Vous alliez comme un fou.

— Je ne parle plus de ça, mais du mal que vous m’avez fait.

— Je vous assure que ce fut involontaire.

— N’essayez pas encore de ruser.