Aller au contenu

Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moment à deviser à bâtons rompus, et, soudain, la jeune fille s’écria :

— Oh ! regardez ces péniches qui passent. Si nous allions au bord de la Seine…

Ils trouvèrent l’ancien chemin de halage et suivirent le fleuve vers l’aval.

— C’est extraordinaire ce qu’un fleuve donne de vie dans un paysage. Il y a d’abord les bateaux qui passent, mais, même sans bateau, il y a l’eau, ses miroitements, ses reflets, ses couleurs changeantes. Voit-on la Seine de Grandlieu ?

— Oui, entre les arbres. Vous verrez passer les grands bateaux qui montent à Rouen ; mais, quand on y habite, on n’y fait guère attention.

Ils marchèrent l’un près de l’autre et Colette, que cette promenade égayait, exprima sa joie. Elle eut cependant une pensée pour Lina.

— Pauvre Lina, quel plaisir elle aurait eu à être avec nous.

— Elle ne sera pas plus heureuse si vous vous attristez, et, moi, j’aime vous voir rire comme vous le faisiez tout à l’heure.

Il s’était rapproché d’elle et il tenta de la prendre par la taille. Sans éclat, elle détacha sa main et s’éloigna de lui.

— Il faudrait peut-être que nous regagnions la voiture, dit-elle.

— S’il vous plaît de rester ici quelque temps encore. Nous avons jusqu’à minuit pour être aujourd’hui à Grandlieu.

Colette, que la tentative du jeune homme avait vexée, dit avec froideur :