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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/53

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retrouver à Vieux-Port deux ou trois fois l’an.

Pour la troisième danse, le monsieur de Pont-Audemer vint inviter Colette. Malgré la gentillesse de ceux de la bande, ils se trouvaient l’un et l’autre un peu en marge. De nombreuses allusions à certaines plaisanteries leur échappaient totalement, et ceci les incita plus ou moins obscurément à rester le plus souvent ensemble.

Malgré elle, Colette ne put s’empêcher de comparer son cavalier du soir avec son compagnon de la journée. Comparaison qui était tout à l’avantage du monsieur de Pont-Audemer.

Il n’était d’ailleurs plus pour elle le monsieur de Pont-Audemer. Maintenant, elle savait son nom. L’un des garçons de la bande ayant pris l’initiative de faire les présentations, Colette savait qu’il avait nom Pierre Chavanay.

« Pierre Chavanay ! Où ai-je entendu ce nom-là ? » se demandait-elle tout en dansant une samba.

Il avait une telle distinction, une manière de mettre à l’aise sans devenir envahissant, un esprit d’à propos, une bonne humeur cependant voilée d’une aristocratique mélancolie, que la jeune fille prit plaisir en sa compagnie.

Elle-même n’était nullement déplacée à ses côtés. Si la mort de son père et les difficultés de l’existence actuelle l’avaient obligée à se contenter, pour logement, d’un atelier d’artiste à Montmartre, et, pour occupation, d’un emploi assez modeste, Colette avait reçu durant son enfance et sa première jeunesse l’éducation