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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/87

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À quoi bon ! Les beaux souvenirs n’ont pas de lendemain.

Elle fuyait.

— Colette !…

Son nom lui parvint dans un souffle de vent frais, et elle franchit le porche comme si, au-delà de la porte massive, elle eût trouvé un refuge. C’était réellement une fuite.

Deux portes s’ouvraient, l’un à droite, l’autre à gauche, et, au fond, encore une autre qui devait donner dans la cour où jadis les équipages attendaient la sortie des belles dames.

Colette prit la porte de droite et elle hésita à se jeter dans l’ascenseur qui, minuscule et sombre, lui semblait un abri indispensable à sa panique. Elle réfléchit cependant qu’il valait mieux gravir l’escalier à pied. Elle monterait jusqu’en haut, puis elle redescendrait lentement. Cinq minutes plus tard, Colette s’avança vers la porte pour s’assurer si la voiture de Chavanay était encore là. Elle ne la vit pas. Alors elle sortit de l’immeuble et, d’un pas rapide, se dirigea vers la station de métro qui s’ouvrait à deux pas.

Furtivement, elle essuya une larme qui témoignait, croyait-elle, de son énervement. Quand elle était petite et qu’elle avait bien joué un jour de vacances, elle pleurait ainsi toujours le soir avant de s’endormir.

Fugitivement, la pensée l’effleura que, peut-être, elle pleurait cet ami irrémédiablement perdu dans cette capitale immense qui grondait autour d’elle.