Page:Venard - Memoires de Celeste Mogador - vol 1 1858.djvu/22

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Ma mère pleurait. Pour un oui, pour un non, il me rouait de coups. Notre vie n’était plus qu’une suite de scènes violentes.

Tout prit une autre tournure dans la maison, et au bout d’un an tout fut mangé. Ma mère attaqua son mari en séparation. La preuve de ce qu’il nous faisait souffrir ne manquait pas ; mais la justice dit toujours aux femmes malheureuses :

— Prenez patience ; votre mari promet de ne plus vous battre.

Des amis s’en mêlèrent et on les raccommoda. De nouvelles scènes éclataient. On les raccommodait encore. Lui ne voulait pas se séparer.

Ma mère était si courageuse ! elle travaillait pour deux ; et puis mon grand père était riche. G… convoitait sa succession.

Il trompait tout le monde avec sa voix douce. Il disait au juge :

— Je suis bien malheureux. J’adore ma femme ; je l’ai frappée, c’est par vivacité ; je jure de ne plus recommencer.

Alors réconciliation forccée, imposée par la justice.

Nous avons vécu un an comme cela. J’étais devenue idiote ; je n’osais pas dire quand j’avais faim.