pistolets fussent-ils des colts.
Gérard hocha affirmativement la tête.
Avait-il compris le sens mystique des paroles du chef ?
Il sortit et se mit à ramper vers la saloune.
Entrons dans cette saloune.
À leur arrivée, Chiasson avait dit à Huguette :
— J’aime les situations claires, la belle. D’abord, je t’affirme que tu n’as rien à craindre ni de moi ni de Dougald. N’est-ce pas ?
Sandy répondit vulgairement :
— Je me sacre des femmes, moi.
— Moi aussi, dit le salounard. Tout ce que je te demande, la belle, c’est de mettre une toilette de bal et de danser avec moi ici.
— Et si je refuse ?
— Ton oncle le papiste meurt.
Elle demanda :
— C’est bien là tout ce que vous me demandez ?
— Oui… non… j’oubliais quelque chose ; oh, une bagatelle…
— Quoi ?
— Je te maquillerai le visage.
Dougald intervint :
— Acceptes-tu ou faisons-nous boucherie avec ton oncle ?
Huguette réfléchit…
Danser ?
Au fond il n’y avait aucun mal à cela ; n’avait-elle pas appris la valse au couvent ?
Maquillage ?
Ce n’était pas défendu sous peine de péché.
Elle croyait sincèrement que son oncle lui-même aurait toléré, avec réluctance peut-être, mais aurait toléré quand même qu’elle se maquillât et qu’elle dansât, surtout quand une vie humaine était l’enjeu.
— J’accepte à une condition par exemple.
— Laquelle ?
— C’est que la robe de bal ne soit pas trop décolletée.
— Elle ne l’est pas du tout.
Huguette suivit Chiasson jusqu’à la porte d’une chambre où il la laissa respectueusement entrer seule.