Baptiste plongea de nouveau la main dans le coffre-fort.
Il en sortit un paquet ficelé, d’une couple de pouces d’épaisseur.
Soudain il tressaillit.
Il y avait de quoi.
En effet, sur le paquet étaient écrits ces mots :
« CHÈRE CHARMAINE :
« Si tu lis ces lignes, il faut, entends-tu ? que tu jettes immédiatement ce paquet au feu sans en lire le contenu. « TON PÈRE ».
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Baptiste joua alors la comédie :
— Oh, j’oubliais quelque chose de la plus haute importance, dit-il.
— Quoi donc ?
— Il n’y a personne pour monter la garde au dehors ; alors Renaud et Troyat vont avoir sur nous l’avantage de la surprise.
— Ils ne l’auront point, dit Nap. Je vais aller faire la sentinelle.
— C’est ça. L’homme au dehors et Charmaine dans sa maison. Vous ne serez pas trop de deux.
Comme ils allaient quitter le bunkhouse, le chef leur dit :
— À la moindre alerte, tirez en l’air et j’accourrai vous prêter main-forte.
Quand il fut seul, il ouvrit le paquet.
Une pile de lettres parut.
Des lettres parfumées.
Des lettres de femme.
Il en lut une :
— Ah, le salaud !
Il en lut une seconde :
— Ah, le couillon.
Il en lut une 3e :
— Ah, la salope.
La lecture de la 4e lettre lui arracha l’exclamation :
— Ah, les deux assassins !
Il mit les lettres dans sa poche et sortit une autre enveloppe du coffre-fort.
Étonnement. Surprise. Stupéfaction.
Sur l’enveloppe étaient écrits ces mots :
« Quiconque lira ceci devra transmettre cette enveloppe cachetée et scellée telle quelle, au chef de police Baptiste Verchères de Squeletteville, Manitoba.
« ALCIDE BOYER. »
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Fébrilement le chef déchira l’enveloppe.