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Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/153

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151
les plaines


ÂPREMENT


Le jour,

Ils se croisaient dans leur étable et dans leur cour,
Leurs durs regards obstinément fixés à terre ;
Et tous les deux, ils s’acharnaient à soigner mieux,
Elle ses porcs, et lui ses bœufs,

Depuis qu’ils se boudaient, rogues et solitaires.


Ils s’épiaient du coin de l’œil, dans leur enclos,

Avec l’espoir secret de se surprendre en faute.
Mais elle était toujours de corps ferme et dispos
Et lui travaillait dur et tenait la main haute

Sur la grange et sur le champ.


Ils se mouvaient, pareils à deux blocs de silence,

Faits de sourde rancune et d’âpre violence :
Aux trois repas, ils attablaient, farouchement,

Face à face, leur double entêtement.