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Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/187

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les plaines


Et l’hiver, quand le soir convie autour des feux

Filles et gars, femmes et vieux,
Et que la bière
Fait tout à coup jaser ceux qui ne parlent guère,
Vous déliez les liens des souvenirs captés,
Et vos gestes alors passent comme exaltés,
Lorsqu’ils montrent comment une seule machine
Avec ses larges dents, avec sa ferme échine,
Et ses arrêts et ses déclics et ses ressorts,
Pareille à quelque énorme et frêle insecte d’or,
Fauche des champs entiers, en Nièvre, en Beauce, en Somme

Et fait, en un seul jour, le travail de vingt hommes.


Les vieux ne vous croient pas,

Mais les beaux gars vermeils, dont les mains et les bras
S’apprêtent
Dieu sait pour quelle ardente et précise conquête,
Tendent vers vous leur cœur et leur esprit dispos ;
Ils vous suivent longtemps, bien qu’ils ne soufflent mot,
Et quelques-uns d’entre eux rêvent déjà peut-être
À tout ce qu’ils feront,
Quand eux seront

Les maîtres.