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Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/199

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les plaines
Par au-dessus des digues, qui le masquent,
Apparaissent, vides et flasques.


Et dans le pré, sur double rang, les gars,

Le corps virant de droite à gauche,
Fauchent ;
Fourches hautes, les femmes
Remuent, ainsi que des drapeaux en flamme.

Les foins épars.


C’est la fête de la sueur

À la lueur
Des serpes et des piques ;
L’odeur humaine envahit l’air ;
Les bras sont forts, les aciers clairs

Et les gestes épiques.


De grands torses poilus et roux

Se redressent dans la poussière :
L’Escaut ondule en vagues de lumière,
Les blés roulent, de l’un à l’autre bout,
L’or des reflets et l’or des moires.
À cruche pleine, on verse à boire.
Les servantes vers le fleuve s’en vont

Remplir, de temps en temps, les brocs et les bidons