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Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/200

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œuvres de émile verhaeren
Et reviennent, rapides,

Moites des flancs, moites des seins,
Et maculant le drap de leurs corsages pleins

Du bout de leurs tétons humides.


Sonnent les cloches : c’est midi.

Les corps s’allongent pour la sieste ;
Mais aussitôt que les heures prestes
Réveillent, tout à coup, le travail engourdi,
L’ahan reprend.
Et c’est jusques au soir les mêmes gestes,
La même ardeur, le même acharnement, debout
Dans la torride violence,

Du silence qui bout.


Crue et rêche, l’herbe est rasée.

On suit, à fleur de sol, les empreintes laissées
Du vol circulaire des faux.
Les foins, de jour en jour, tassent leurs monts plus haut.
Et pour les emporter voici les attelages
Si lourds et si compacts et si monumentaux,
Qu’à leur rentrée on croira voir, le soir, par les hameaux,

Des granges pleines qui voyagent.


Et lorsque le dernier charroi
Entre les toits balancera le poids