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Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/204

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œuvres de émile verhaeren
Large et belle, la terre

Qui leur était le bien commun
Depuis toujours, sous les parents défunts,
Qui donc l’émietterait comme un épi d’avoine !
Il faut soigner et conserver le patrimoine
Selon la volonté du mort qui gisait là. »

L’aîné des fils, tout à coup, s’en alla.
On l’entendit, dans la cuisine, ouvrir l’armoire,
Saisir un broc et se verser trois fois à boire.
Et quand on l’eut rejoint, brusquement il parla :
« La terre,
Il faut la vendre ;
Et puisqu’il est celui
Qui seul la peut reprendre,
Grâce à son or,
La terre,
Qu’il ait raison ou qu’il ait tort,
Sera dûment sa terre à lui.
C’était d’ailleurs la volonté du père. »

L’autre fils dit : « Il faut que le bien reste entier,
Commun à tous, avec ses vingt-quatre bonniers
Allant du chemin creux jusqu’à la ferme haute.

Le vendre ou le couper serait là lourde faute. »