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œuvres de émile verhaeren


Mais aujourd’hui leur va-et-vient, au long des champs,
Fait à peine trembler le seuil d’une demeure,
Et leur passage annonce aux travailleurs quelle heure
Le jour qui marche et fuit jette au soir approchant.

Les rails d’acier luisant sont encadrés de haies ;
Les chiens et les troupeaux ne les redoutent plus ;
Et dans les fentes d’or des plus mornes talus
Se pavoisent des fleurs et se bombent des baies.

Marbres, grès et granits ; fontes, fers et charbons ;
Tous les trésors secrets que les terres lointaines
Cachent aux flancs obscurs des monts, sous les fontaines,
Apparaissent en Flandre au dos des lourds wagons.

Et le probe soleil de la Lys familière
Regarde étrangement s’entasser, comme un dol,
Cette moisson mûrie aux entrailles d’un sol
Où jamais ses rayons n’ont glissé leur lumière.

Les gens la voient passer aux limites des bourgs,
Sans trop lever leurs yeux de la glèbe féconde ;
Mais quelques-uns, les plus jeunes, rêvent du monde
Où les rails infinis dessinent leurs contours.