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les plaines


Tous sont jaloux de leurs douleurs :
Défunt leur fils, morte leur fille ;
Les bœufs, qui sont de la famille,
Captés, un soir, par des voleurs.

Et tous les maux que l’on endure
Sans qu’on aille crier merci !
Sève épuisée et sang moisi
Sous la chair flasque et la peau dure.

Ainsi causent les vieilles gens,
Les soirs d’été, dans les villages ;
Sur le chemin, les attelages
Fleurent, au loin, comme un encens.
 
Et jour à jour les temps s’écartent ;
Du lundi soir au samedi,
On ressasse ce qu’on s’est dit ;
Mais, le dimanche, on joue aux cartes.