Aller au contenu

Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
220
œuvres de émile verhaeren
Sollicitent le gosier sec des moissonneurs.

La lampsane s’érige en bouquets d’étincelles,
Près d’un sentier désert où les guêpes rayées
Pillent un amas cru de groseilles broyées.

Oh ! ces gestes égaux dans l’or des épis mûrs !
Des pans de blés compacts tombent dans la lumière
Et la serpe décrit sa courbe régulière
Et mire à chaque coup un brusque éclat d’azur.
Rien ne trouble la loi des tâches violentes ;
Aucun effort sous le soleil ne s’engourdit ;
Une sieste rapide, à l’heure de midi,
Ranime, au bout du bras, la main qui devient lente.

Et les hameaux bondés et odorants de foin,
Aux prochains carrefours montent sous les verdures
Et le puissant et large Escaut sinue au loin

Comme une coulée énorme de mercure.