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Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/224

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œuvres de émile verhaeren
Font seuls, au milieu du silence,

Un bruit claquant dans l’air.

L’attente, et puis, au loin, l’éclair.

Et puis l’averse aiguë en fers de lance ;
Elle crépite aux flancs des toits,
Bondit et rebondit sur les tuiles faîtières,
Cogne les murs des pignons droits
Et déborde dans les gouttières.
Hâte, angoisse et désarroi :
Portes et fenêtres se ferment
Et l’on se signe, à larges croix,
Devant la foudre, au fond des fermes.

Le métayer, la peur au cœur,
Regarde au loin, sur les éteules,
Les eaux trouer les meules
Et mordre, et battre, et ravager
Les plus rouges pommiers de ses vergers,
La fermière, qui vient et vaque,
Et qui supplie, en silence, le sort,
Allume, ainsi que pour un mort,
La chandelle bénite à Pâques ;
Et l’enfant crie et l’enfant braille

Et demeure le nez en l’air,