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Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/225

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les plaines
À voir soudain, sur la muraille,

Le feu passant qui fut l’éclair.

D’abord
C’était du Nord
Que s’en venaient et giclaient les ondées ;
Mais voici qu’une nue immense et lézardée
D’un frisson d’or,
Monte du sud et surplombe l’espace.

Le ciel entier n’est que menace.
Les nuages cuivrés qui se pourchassent
S’entrechoquent et s’allument férocement.
Tout le village est tremblement,
Terreur brandie et panique soudaine.
Oh ! ces hameaux perdus, là-bas, au fond des plaines !
Leur sol crevé n’est plus qu’un écheveau d’ornières
Courant, noué ou dénoué, vers les rivières ;
Terres et cieux sont confondus à l’horizon ;
L’eau flagelle les murs et racle les maisons ;
Tout tremble et pleure et geint et craque et se disloque ;
Le jour a disparu sous des voiles de nuit ;
La foudre au sud, au nord, déchire l’infini
Comme une loque.

Et dans les clos, la peur augmente encor ;

Du milieu de la cour, les fumiers d’or