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Page:Verhaeren - Œuvres, t9, 1933.djvu/226

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œuvres de émile verhaeren
Débordent.

Un étalon s’est détaché, rompant sa corde ;
L’œil phosphoreux
Des chats peureux
Brille sur les armoires ;
Le porc se pelotonne au creux de sa mangeoire ;
Là-bas, au coin du bois,
L’arbre le plus tenace et le plus droit
Tombe, soudain, la mort aux reins ;
Et l’on entend de tels bruits souterrains
Qu’on dirait que la terre
Est pleine aussi de feux et de tonnerres.

Et toujours, et toujours l’orage
Battant les seuils, trouant les toits, fait rage ;
Et la plaine et le bourg et les prés et les clos
Disparaîtraient, peut-être, en un tournoiement d’eau,
N’était que tout à coup, un vent rude et sauvage
Ne repoussât vers l’Est la charge des nuages
Et dans un coin du ciel n’instaurât le soleil.
Alors les champs noyés redeviennent vermeils :
Les métayers calmés, que l’espoir réconforte,
S’en reviennent, la pipe aux dents, au pas des portes,
Causer de ce qui fut leur affre et leur terreur ;
Les chats, les chiens, les porcs abandonnent leur peur ;
Un oiseau chante au bord du faîte et la fermière

Éteint, d’un souffle bref, la pieuse lumière.