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œuvres de émile verhaeren


Voici la ferme âpre et farouche
De leur cadet qui vit loin d’eux ;
Le vieux, pour avoir l’air moins vieux,
Se plante une fleur dans la bouche.

L’aîné, qui est garde du bois,
Du coin d’un carrefour les guette ;
Leur fille et ses enfants sournois
Les fatiguent de leurs requêtes.

Celui qu’ils préfèrent, le fils
Qui fut leur crainte et leur martyre,
Les insulte, s’il ne soutire,
De leur visite, un clair profit.

Les vieux, en maugréant, reviennent
Par la prairie et ses sentiers ;
Chacun ressasse une antienne
Sur les horreurs de leur métier.

Machinale, la maigre vieille
Tapote avec un bout de jonc
Les plis usés de son jupon,
Quand, tout à coup, en eux s’éveillent