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œuvres de émile verhaeren


L’AIR EST HUMIDE


 

L’air est humide, épais et gras ;

Taches de deuil, des oiseaux planent
Auprès des sacs bondés qui s’alignent là-bas ;
De terre en terre, ici, plus loin, par tas,
À feux larges, brûlent les fanes.

Mélancoliques et longues et lentes,
Frôlant le sol, barrant les sentes,
Tels des gestes qui s’en iraient
De hameau en village et de champ en forêt,
Mélancoliques,
Traînent les vols des torpides fumées.

Comme des linges blancs tissés sous le ciel blême,

Elles passent et s’étirent toutes de même,