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les villes à pignons
Sur les carreaux, le sable fin

Inscrit de longs et onduleux dessins ;
La table, avec son gros bouquet au centre,
Et son vase de verre noir
Se reflète dans le miroir,
Et les plaques du poêle reluisent

Comme un autel d’église.


Et l’on travaille, et l’on peine dûment,

Et les enfants se suivent,
Comme barques à la dérive,
Et grandissent, sait-on comment !
Les ans tombent par avalanche
El les jours sont les mêmes jours, toujours,
Sauf le dimanche,
Quand les femmes s’assoient en rond,
L’après-midi, autour des tables basses,
Et que, chauffant, chacune en son giron,
La large tasse
De café noir, qu’un flot de lait fait blond,
Elles s’entrexcitent aux commérages,
À gestes durs, à large bruit,
Si bien que leurs langues font rage

Le soir durant, jusqu’à la nuit.


Et les hommes s’en vont fumer des pipes rouges,
Là-bas, au loin, près du rempart,