Page:Verhaeren - Almanach, 1895.djvu/25

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Le houx se plisse en rides,
crispe ses ongles vers le vide
et semble un obstiné tourment
qui se tairait, sauvagement.

Le vent, toute la joie et toute la folie
qui tinteront dans les prochains lilas,
il les appelle et les rallie
et les essaime au canevas
des champs et des enclos rectangulaires.
Le luxe frais des bijoux d’eau,
il en orne des fleurs perlaires
sur les berges où le troupeau
verse en cascades ses toisons ;
il court autour des toits et des maisons,
ouvre l’ampleur des espaliers
et jusqu’au ciel construit les escaliers
par où descend la vie.
Il prend d’assaut la campagne asservie,
monte, descend, s’en va, revient,
éveillant tout, n’oubliant rien,