Page:Verhaeren - Contes de minuit, 1884.djvu/43

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ques lourdes, ballant sur ses jambes comme des ailes de corbeau.

Dès qu’il sortait, il faisait une tache funèbre dans le paysage. Il troublait le calme glacé, la beauté vierge, l’unité blanche des couleurs claires.

La pureté des teintes cristallines se maculait d’une éclaboussure d’encre, l’hermine se crottait, la traîne de l’immaculé manteau se marquait d’une salissure de talon. Là où il passait, ses souliers laissaient d’énormes empreintes dans le chemin blanc. Son ombre dessinait des profils ironiques. À coups de pied, il soulevait une poussière, fine comme le givre. Et la neige craquait, geignait, souffrait. Ci et là, elle dévalait en petites avalanches, ou bien se liquéfiait subitement.

Au fur et à mesure qu’il approchait, dans l’église, l’adoration blanche cessait aussi. Les prières, les