Page:Verhaeren - Contes de minuit, 1884.djvu/57

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Là haut, le mouvement vertigineux reprit. On eût dit un immense sabbat, mais tout en rose, tout en joie et en lumière, avec des étoffes de satin, des tulles dorés, des voiles de gaze habillant les sauteries, les ruades, les déhanchements, les épilepsies. Il y eut des mêlées inextricables, des affolements de chahuts. Des bandes de fantômes se nouaient entre elles et tournaient en sens inverse sans se lâcher ; des accouplements de danseurs pirouettaient obstinément, comme mus par des ressorts sans frein ; des culbutes soudaines provoquaient des avalanches de chutes, des élans prodigieux traversaient les masses dansantes, des entrechoquements brisaient les poussées furieuses, des prises à bras le corps de jongleur à squelette enlevaient les couples de l’un à l’autre bout de la salle, les boules du jon-