Page:Verhaeren - Contes de minuit, 1884.djvu/58

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gleur volant au hasard, les tibias du squelette flageolant fiévreusement. Les dieux se multipliaient en avatars étranges, en incarnations de Vichnou et lâchaient leurs fureurs de bête à travers les emmêlements dédaliens. Au-dessus des portes du promenoir, les paons faisaient la roue et flamboyaient. Les deux masques de satyres des avant-scène s’étiraient dans une grimace épouvantable et rougeoyaient comme des gueules de fournaise. Les serpents se tortillaient convulsionnés.

À cet instant, les cuivres éclatèrent dans un épanouissement de bruits métalliques, renforcés à coups de grosse caisse. Les violons, surmenés, criaillaient. Les flûtes stridaient. La débandade avait gagné les mesures et les rythmes ; ce n’étaient que fourmillements sonores, précipités dans un brouillamini charivarique,