Page:Verhaeren - Deux Drames, 1917.djvu/108

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DOM BALTHAZAR

Moi, Balthazar duc de Rispaire,
J’assassinai, avec ces deux mains sanguinaires ;
Regardez-les, ce sont des mains
Plus féroces que des mâchoires ;
Les juges souverains
N’ont point voulu, dans leur prétoire,
Flairer le sang indélébile
Qui imprégnait ces mains obstinément lavées,
Mais aujourd’hui vous tous qui le savez,
Allez le dire et le crier aux gens des villes,
Allez le proclamer…

LE PRIEUR

Ton repentir est un scandale.

On entend des coups de hache dans du bois.
DOM BALTHAZAR

Je suis comme un buisson de péchés noirs :
Toutes les épines du sacrilège
Se recourbent sur moi, comme des ongles noirs ;
Le manteau saint qui me protège