Page:Verhaeren - Deux Drames, 1917.djvu/109

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Ment sur mes épaules ; j’en suis couvert,
Mais la lèpre pourrit ma chair.
Je suis le loup qui vint flairer et qui vint boire
Horriblement, le sang de Dieu, dans le ciboire.
Je me jette moi-même au ban de l’univers ;
Je veux qu’on me crache à la face ;
Qu’on me coupe ces mains qui ont tué ;
Qu’on m’arrache ce manteau blanc prostitué ;
Qu’on appelle, qu’on ameute la populace.
Je m’offre aux poings qui frapperont
Et aux pierres qui blesseront,
De leur rage, mon front.
Je demande que l’on accable
Ce corps chargé de sa faute implacable
Et qu’on en jette, après mon supplice fervent,
La loque humaine aux quatre vents !

Les moines sont parvenus à enfoncer la porte et saisir DOM BALTHAZAR. Ils l’amènent et le jettent à genoux devant le PRIEUR ; aussitôt celui-ci s’adressant à la foule.
LE PRIEUR

Sortez tous !

Des moines poussent la foule vers la porte du temple.