Page:Verhaeren - Deux Drames, 1917.djvu/134

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veille, mais il est surveillé. Chaque pas qu’il fait vers nous, quelqu’un le fait vers lui. Regarde, il rentre et le moine disparaît.

À lui-même.

Ô puissance attentive et toujours souveraine !

LA COMTESSE

Le roi, il est partout hostile et invisible :
Il est dans ces couloirs, ces tours et ces jardins,
Il voit d’entre les joints des murs ; ses yeux soudains
Prenant les corps pour but, mais les âmes pour cibles,
Guettent dans la lumière ou dans la nuit, cachés.
Ils regardent la vie ainsi que le péché.
Ô mon Carlos, si nous n’étions sûrs de nous-mêmes,
Si nous n’étions brûlants d’une ferveur suprême,
Ils glaceraient nos cœurs et régneraient en nous.

DON CARLOS

Sois sans crainte. J’ai mes desseins hardis et fous,
Tout rayonnants d’espoir, de gloire et de colère.
Je serai roi demain ; je sais ce qu’il faut faire
Pour arriver en Flandre et me gagner, de là,
Puisque ma cause est leur, et la France et l’Empire.