Page:Verhaeren - Deux Drames, 1917.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ah ! mon père, jamais tu ne pourras maudire,
Trop durement, le jour où tu m’exaspéras.

LA COMTESSE

Voici Don Juan qui vient. Adieu… mon cœur se serre,
Mon cœur qui restera sur tes lèvres, penché…

Elle sort.
DON CARLOS (à lui-même)

Le roi se fie à lui et le laisse approcher.
Il ne sait pas combien Don Juan m’aime. Mon père…

Il se retourne, voit DON JUAN devant lui, qui le salue, DON CARLOS impérieusement.

Je veux m’enfuir d’Espagne et veux que vous m’aidiez
Sans hésiter, demain.

Se calmant.

Don Juan, tu te rappelles
Nos jeunes passions et nos ardeurs jumelles
Et nos rêves joyeusement associés
Quand nous vivions sans nous quitter
Et côte à côte
Dans Alcala, jadis ;
Nos cœurs étaient deux cœurs également hardis
Que Charles-Quint tenait dans sa main haute.