Page:Verhaeren - Deux Drames, 1917.djvu/41

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Que Dieu lui-même accepte, à cette heure, ton crime
Et qu’il l’aime, parce que, grâce à lui, tu fus
L’être choisi pour les rémissions suprêmes.
Nuire à un tel projet divin, par le refus
De te soumettre encor au silence absolu,
Serait, mon fils, outrager Dieu, jusqu’au blasphème.
Le Christ vit pour la justice, mais il est mort
Pour le pardon, et la mort est plus haute…

DOM BALTHAZAR

Mon père !

LE PRIEUR

Mon père !Et puis, songe un instant, au tort
Soudain que nous ferait, à tous, ta faute
Jetée aux négateurs, comme à des chiens ;
Songe au rouge appareil de la vengeance humaine,
Inutile pour toi, qui ne lui dois plus rien ;
Mon fils, songe à moi-même aussi, songe au domaine
D’autorité dont tu seras le chef fervent
Après ma mort. Tu es de race impérieuse,
Tu es l’élu, tu dois tes jours à ce couvent ;
Dieu sait ce qu’il a fait, jadis en t’amenant