Page:Verhaeren - Deux Drames, 1917.djvu/45

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Je ne suis rien, mais j’ai deux mains.
Pour les joindre ; j’ai deux genoux,
Pour les plier et les user, devant les saints ;
J’ai toute mon âme, qui te proclame
L’ensemenceur d’amour de mon cœur fou.
Ma voix et son ardeur pour toi jamais ne chôment.
Je t’aime autant que Dieu peut le permettre aux hommes ;
Je veux, pour moi, ton mal ; je veux ta croix ;
Je veux que ta douleur pénètre en moi,
Avec toutes ses dents de violence,
Je veux, à travers moi, les coups de lance
Qui t’assaillent et te perforent, toi !

DOM BALTHAZAR

Enfant !

DOM MARC

Enfant !Je crois sentir je ne sais quel mystère
Autour de toi ; les plus parfaits d’entre nous tous
Manquent parfois à nos règles austères,
Mais ta faute fût-elle éclatante, les coups
De tout l’enfer ne pourront faire
Que je ne t’aime encor plus fervemment