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POLLUX


Laissons, laissons les morts dormir. La vie est là
Magnifique, soudaine, impatiente et belle ;
Elle te fut, jusqu’aujourd’hui, rude et rebelle,
Mais pour tout l’avenir, je te la dompterais…


HÉLÈNE


Trop tard, trop tard !


POLLUX


Non, non, il n’est trop tard jamais,
La fortune se lève et suit mon char qui passe
N’importe en quels chemins du frémissant espace :
Mes plus vagues désirs deviennent de la chair
Réelle, et prennent corps et se meuvent dans l’air.
Je viens, et l’on m’écoute, et tous mes stratagèmes
Que je les voile ou non, réussissent quand même ;
J’apaise, quand je veux, la haine ou la fureur,
Et mes gestes distraits façonnent le bonheur.