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HÉLÈNE


Ô douleur qui ravage ! Ô vengeance qui brûle !


ÉLECTRE


Depuis que j’ai frappé mon cœur s’est détendu
Et le calme est tombé avec le crépuscule
Comme un large repos sur mon être éperdu.
J’ai vu la vaste nuit dont les astres fourmillent
Sans peur, darder vers moi ses regards acérés,
J’ai songé au destin de ma rouge famille
Et lasse, avec bonheur, j’ai longuement pleuré.
Tant de forfaits ! tant de bourreaux ! tant de victimes !
Tant de sang répandu à travers les chemins
Et le plus ancien meurtre et le dernier des crimes
Qui semblaient réunis, à cette heure, en ma main ;
Et ma vague raison, et mon esprit nocturne
Flottaient sur tant d’horreur et ne comprenaient pas,
Et toujours mes longs pleurs, comme échappés d’une urne
S’écoulaient de mes yeux et tombaient sur mes pas.


(Elle s’est assise, Hélène s’est placée
auprès d’elle)