Page:Verhaeren - James Ensor, 1908.djvu/104

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un tel peuple étrange et tragique de masques, peut-être ignorait-il lui-même qu’à un certain moment ils lui fausseraient à tel point la notion du réel qu’il ne verrait plus qu’eux de vraiment vivants sous le soleil et qu’un jour il prendrait place parmi leur multitude comme s’il était lui-même quelqu’un de leur lignée et de leur race. Car il ne se peut pas qu’il n’ait subi, à certaines heures, une telle illusion dominatrice et qu’il n’ait fini par voir, avec ses yeux ouverts en plein jour à la lumière, l’humanité entière comme un ensemble de grotesques et de fantoches. Son art terrible et rêveur a dû l’affoler à ce point, fatalement.