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VII.

LA PLACE DE JAMES ENSOR DANS L’ART CONTEMPORAIN

La place de James Ensor dans l’art de son temps apparaît belle et nette. Le recul nécessaire pour la fixer se fait et ce jugement émis par ses admirateurs n’est déjà plus un jugement horaire.

Un fait esthétique notoire domine la peinture du XIXe siècle : la découverte de la lumière. D’où la recherche nécessaire d’harmonies nouvelles, de relations autres, de valeurs et de juxtapositions de tons insoupçonnées jadis. D’où encore un renouveau du sentiment pictural lui-même, la joie et la vie intronisées à la place de la morosité et de la routine, l’œil éduqué non plus à l’atelier mais dans les jardins, les bois et les plaines, les pratiques anciennes abandonnées au profit de la surprise et de la découverte rencontrées à chaque coin de route, à chaque angle de carrefour. C’est la nature, bien plus que les musées, qui forma les peintres novateurs. Elle leur imposa directement leur vision et modifia leur technique. Même elle renouvela toute leur palette. Ils n’ont consulté qu’elle : c’est d’après ses leçons ingénues et profondes qu’ils se sont formés, se