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Page:Verhaeren - La Multiple Splendeur, 1907.djvu/28

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Ils dévoraient comme une immense proie
La joie
D’aimer et d’admirer si fort
L’universel accord
De la terre et d’eux-mêmes,
Qu’ils l’affirmaient soudain avec des cris suprêmes.

Ô ces élans captifs dans le muscle et la chair !
Ces sursauts imprimés aux résilles des nerfs!
Tels cris, flèches d’argent de telle âme bandée,
Soudain devenaient mots et atteignaient l’idée ;
D’autres, en hésitant, se nuançaient
De mille teintes imprécises ;
D’autres ployaient, tombaient, se redressaient,
Et tout à coup,
Fermes et nets, ils s’imposaient debout,
Chantant la franche et divine surprise
Des oreilles, des mains, des narines, des yeux,
Devant les fruits, les fleurs, les eaux, les bois, les brises,
Et l’or myriadaire tournoyant des cieux.