Page:Verhaeren - Les Ailes rouges de la guerre, 1916.djvu/171

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Des heurts, des chocs, des cris
Assourdissent ou perforent la nuit ;
Des coups pleuvent sans nombre ;
Un chien rôdeur au fond des bois, aboie
Et, blocs par blocs, des hommes choient
Et font sur le sol noir de larges monceaux d’ombre.

Ainsi,
Partout en France, en Allemagne, en Russie,
Et plus loin en Égypte, et plus loin en Asie,
La même guerre,
En attendant le branle-bas
Des suprêmes combats,
Condense immensément sa fureur sous la terre.

Tandis qu’au-dessus d’elle à travers l’air, là haut,
L’obus siffle sans cesse et le shrapnell éclate
Avec un bruit heurté de lattes contre lattes ;
On dirait dans la nue un tonnerre nouveau ;
Le ciel n’est que bouquets de flammes suspendues
Dont les fleurs sont la mort en tous sens répandue,