Page:Verhaeren - Les Ailes rouges de la guerre, 1916.djvu/46

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Qui barraient la contrée
Le gagner à leur tour,
Il entrait dans la pierre
Creusée immensément et pénétrée
Par mille ans de beauté et mille ans de prière.
Ô vieux temple français, gardé par tes cent rois,
Dont l’image apaisée illustre tes murailles,
Dis-moi quel chant de gloire ou quel cri de bataille,
Victorieusement, n’a retenti en toi !
Tu as connu Clovis, le Franc et sa compagne
Dont la main a guidé la main de saint Rémy
Et peut-être un écho sous ta voûte endormi,
Jadis, a entendu la voix de Charlemagne.

Temple, tu es sacré, de ton faîte à tes pieds ;
Au soir tombant, se joue à travers tes verrières
Comme un soleil infiniment multiplié ;
Sur tes grands murs, les ténèbres et les lumières —
Joie et deuil — font leur voyage silencieux.
Autour de tes piliers qui fusent jusqu’aux cieux,