Page:Verhaeren - Les Aubes, 1898, éd2.djvu/161

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deux races, l’une, abdiquant sa victoire, l’autre, son orgueil humilié, se sont fondues en une étreinte. Toute la terre a dû tressaillir, tout le sang, toute la sève a dû refluer vers le cœur des choses. L’accord et l’entente ont raison des haines. (Acclamations). La lutte humaine, en sa forme sanglante, a été niée. Un phare brûle désormais à l’horizon des tempêtes futures. Sa fixité éblouira les yeux, obsédera les cerveaux, hallucinera les désirs. Il faudra bien, qu’à bout d’épreuves et de deuils, on aborde au port, dont il indique l’entrée et dont il dore les mâts et les barques tranquilles !


Enthousiasme de tous : on crie, on s’embrasse. Les anciens ennemis se lèvent et entourent Hordain. Ceux d’Oppidomagne étendent les bras vers lui. Il se dégage des étreintes et dépose des palmes aux pieds d’Hérénien. Puis se tournant vers la veuve :


Au nom de la vie et de son triomphe, je vous demande, Claire Hérénien, de présenter à ces deux peuples exaltés celui qui nous semble être Jacques Hérénien lui-même : son fils ! (Il tend les bras pour présenter l’enfant.)

CLAIRE, (l’arrêtant)


Je veux en avoir la force moi-même. (Elle se lève.)